Woodstock à Sénart ! Et si la comédienne Juliette Savary était la réincarnation de Janis Joplin ? Le trouble est réel tant la figure féminine emblématique du mouvement de la contre-culture américaine des années 1960, lui ressemble. Ce récit qui parle en filigrane de liberté de création, regorge de références à la biographie de la star, à une Amérique qui se déchire autour de la Guerre du Vietnam, à la ségrégation raciale et au mouvement hippie. La performance scénique de Juliette Savary et Jérôme Castel, à la guitare, est un jaillissement de poésie et d’énergie. Les artistes ravivent la présence de Joplin et raniment sa voix unique, rugueuse et puissante. C’est sûr, Janis is back !
Conception, texte et mise en scène Nora Granovsky assistante à la mise en scène Sophie Affholder avec Juliette Savary et Jérôme Castel création sonore Jérôme Castel scénographie Pierre Nouvel lumières Jérémie Papin costumes Constance Allain collaboratrice artistique Lucie Baratte régie générale Benoit André régie son Simon Léopold regard complice Océane Mozas
© Simon Gosselin
Production déléguée Le Manège – Scène Nationale de Maubeuge
Coproduction La Manufacture CDN Nancy-Lorraine | Mars – Mons arts de la Scène | Maisons Folie de Lille | Centre culturel L’Escapade à Hénin-Beaumont | Le Métaphone 9/9 bis | Théâtre de Nîmes
Janis Joplin se revendique du mouvement Beatnik. Ses membres actifs, Jack Kerouac, Alan Ginsberg, William Burroughs, m’accompagnent depuis ma jeunesse. Parler du mouvement beatnik aujourd’hui me semble une nécessité quant à notre rapport à l’autre, à la poésie, à la liberté, à la consommation, à la jouissance, au monde.
Janis Joplin est une figure emblématique du mouvement qui transformera durablement l’Amérique et le reste du monde, de la naissance du Rock’n roll à l’avènement des hippies, elle est une figure féminine majeure dans cet univers essentiellement masculin. Janis incarne cette fureur de vivre « vivre vite, mourir jeune et faire un beau cadavre », ce jaillissement d’énergie vitale transposée à travers la musique, cette communion universelle.
Que reste-t-il aujourd’hui de cette poésie, ce vagabondage poétique, de Jack Kerouac avec ses clochards célestes et avant lui Rimbaud et sa bohème. « Rêve comme si tu vivais éternellement, vis comme si tu allais mourir aujourd’hui ».
Traverser la biographie de cette icône du rock n’roll c’est aussi s’immerger dans le contexte social et politique de l’Amérique des années 60 ; du Texas à la Californie (Eldorado), de la ségrégation, (Rosa Park ; Martin Luther king), de la chasse aux sorcières, de la Guerre froide, la Guerre du Vietnam, au Summer of love, au Monterey Festival, au mouvement Hippie, Woodstock et la récupération de toute cette énergie créative nouvelle par l’industrie du disque et la société de consommation.
C’est se confronter aux contradictions profondes de ce pays qui influença durablement notre culture européenne.
Janis Joplin à travers son oeuvre musicale incarne cette période historique extraordinaire, ce séisme culturel, ce jaillissement d’énergie vitale transposée à travers la musique, cette communion universelle… au même titre que Mozart ou Beethoven des siècles auparavant.
Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Où en sommes-nous avec la liberté, la création, la jouissance ?
ELLE parle et le monde tourne autour, les situations s’enchaînent, se jouent subrepticement, à l’insu du personnage, emportée par le flot de paroles et d’émotions qu’elle génère. COMME un mouvement qui la dépasserait, une
vague de fond qui déversera un tsunami et qui laissera une terre dévastée et aride pour des années à venir, sur laquelle naîtra la génération suivante, hantée par les fantômes de ce passé ; comme un phénomène astronomique rare, le passage d’un astéroïde dans l’atmosphère qui laisse une traînée effervescente avant de se fracasser sur le sol et d’y laisser une marque profonde, cicatrice d’un temps révolu. Grandeur et décadence, fureur de vivre qui s’achève de manière dramatique et brutale.