MOI, JEAN-NOËL MOULIN, PRÉSIDENT SANS FIN

MOHAMED ROUABHI / SYLVIE ORCIER

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Pineau-to the wild. Avec ce monologue écrit sur mesure par son complice Mohamed Rouabhi, voici l’occasion de re-découvrir tout le talent du comédien Patrick Pineau. Son entourage le décrit ainsi : « un acteur à la puissance et à la présence incroyables, qui a une capacité à rendre concrète toute proposition poétique, un acteur dont l’émotion est palpable, à fleur de peau ». Depuis une trentaine d’années, Jean-Noël Moulin vit reclus dans une forêt. Son unique lien avec le monde extérieur : un vieux poste radio. Un soir, il apprend par les ondes que l’avion qui transportait le Président a percuté la montagne et que les recherches se poursuivent. L’ermite est persuadé que le grand jour est arrivé. II retrouve et endosse les vêtements du Président. Le voilà prêt à sauver la Terre et ses habitants. La mise en scène de Sylvie Orcier rend compte de toute l’humanité de cet homme et de ses paradoxes. Un monologue assurément généreux.

LA PRESSE EN PARLE

« Dans Moi, Jean-Noël Moulin, président sans fin, Patrick Pineau est l’interprète virtuose de la poésie existentielle de Mohamed Rouabhi.
À partir de l’histoire vraie d’un homme qui vit seul depuis cinquante ans dans une cabane, en forêt, dans le Sud-Ouest de la France, Mohamed Rouabhi a écrit Moi, Jean-Noël Moulin, président sans fin, une fiction où il interroge l’état du monde, mise en scène par Sylvie Orcier. Créée en mars au CDN de Montluçon, où Rouabhi est artiste associé, son interpellation, stoppée par le confinement, nous revient en force et creuse encore davantage la fracture entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien, élève la colère et la révolte. La pièce est aussi un formidable matériau pour Patrick Pineau, qui l’interprète dans un seul en scène magnétique où il déploie toute sa puissance d’acteur ». L’HUMANITÉ

« Saluons l’art éblouissant du comédien. Patrick Pineau est impressionnant et bouleversant ». LE JOURNAL D’ARMELLE HÉLIOT

entretien avec Mohamed Rouabhi

D’où vient l’idée du projet de Moi, Jean-Noël Moulin, Président sans fin ?

Patrick Pineau et moi nous nous connaissons depuis une trentaine d’années. Nous nous sommes rencontrés parce qu’il a joué dans l’une de mes premières pièces. Il avait envie depuis très longtemps de revenir seul sur scène. Il a joué un monologue d’Eugène Durif, Le Petit Bois, il y a une vingtaine d’années. Il voulait retrouver
cette forme. Nous y avons réfléchi ensemble. Un jour, je lui ai fait connaître l’histoire – vraie – de Jean-Marie Massou, un septuagénaire qui vit reclus depuis près de cinquante ans dans une cabane isolée dans une forêt du Sud-Ouest de la France. Il est analphabète mais a inventé une forme d’écriture. Je l’ai découvert au cours d’une émission que lui avait consacré France Musique. Je l’ai fait écouter à Patrick. Un petit documentaire a ensuite été réalisé sur cet homme. Puis deux coffrets de disques vinyles ; il s’agit d’un tout petit réenregistrement du travail qu’il fait depuis cinquante ans. Il possède des centaines de cassettes audios qu’il enregistre dans la nature, par-dessus laquelle il chante, il met la radio, etc. Il a cette activité maniaque, solitaire,
sur la fin du monde, l’isolement, l’amour. C’est à partir de là que nous avons eu l’idée d’imaginer une histoire, plus poétique, sur la fin du monde à travers le personnage d’un homme qui vit reclus dans une forêt et qui entend un jour à la radio que l’avion du président vient de se crasher sur la montagne où il habite. Il va retrouver les vestiges de cet avion puis se sentir investi d’une nouvelle mission : reprendre les rênes du pays afin de combattre une invasion.

 

Sur le plan thématique, qu’est-ce que Moi, JeanNoël Moulin, Président sans fin soulève comme questions pour vous ?

Je suis parti de Jean-Marie Massou, qui me fascine. Son travail porte sur l’écriture brute, sur la musique brute, sur l’art brut. Cet homme soulève des questions très actuelles dont le texte sera empreint, notamment sur l’écologie, les déchets, la détérioration de la planète, la difficulté à juguler la surpopulation mondiale, l’épuisement des richesses, etc. Le personnage du texte s’appelle Jean-Noël Moulin. Il est une sorte de monarque autoproclamé qui va s’adresser à ses sujets pour parler du monde, du pouvoir, de la liberté, etc. Cela tient aussi beaucoup à la personnalité de Patrick Pineau. Il est un acteur d’une immense générosité. Il travaille ses compositions avec minutie, précision, gourmandise. Il a l’étoffe des grands rôles comme un roi Lear ou un Ubu. Il développe avec subtilité une grande force en même temps qu’une infinie délicatesse. Mon défi est d’écrire un texte à sa mesure, en lui laissant suffisamment de latitude pour lui permettre de transcender l’écriture.

 

[Extrait de la revue semestrielle n°7 du Théâtre des Îlets – CDN de Montluçon.]

ET AUTOUR DU SPECTACLE

DISTRIBUTION

Texte Mohamed Rouabhi

Mise en scène, scènographie, costumes Sylvie Orcier

Lumières Christian Pinaud

Création sonore Jean-Philippe François

Création et régie vidéo Ludovic Lang

Régie générale Florent Fouquet

Régie son  François Terradot

Avec Patrick Pineau

Coproduction Théâtre-Sénart, Scène nationale | Théâtre des Ilets, Centre Dramatique national de Montluçon

Artistes

Mohamed Rouahbi

Comédien, metteur en scène, auteur dramatique, librettiste, scénariste

Au théâtre, depuis l’âge de vingt ans, il travaille entre autres avec Anne Torrès, Claire Lasne, Jean-Paul Wenzel, Gilberte Tsaï, Georges Lavaudant, Stéphane Braunschweig, François Berreur, Patrick Pineau…

 

Il mène parallèlement à son métier d’acteur un travail d’écriture qui le conduit avec la collaboration de Claire Lasne à créer en 1991 la compagnie « Les Acharnés » qui produit de nombreux spectacles. En mars 2003, il reçoit le Prix SACD Nouveau Talent Théâtre. Depuis une dizaine d’années, son répertoire a été l’objet d’une vingtaine de créations par des troupes amateurs, tant en France qu’à l’étranger dans des versions traduites.

 

Par ailleurs, il anime de nombreux ateliers d’écriture en milieu carcéral et scolaire, en France et à l’étranger (notamment à Ramallah, Palestine occupée, de 1998 à 2001 à l’invitation du Ministère des Affaires Sociales palestinien).

 

En 2014 et 2015, en compagnie du chorégraphe Hervé Sika, il met en scène All Power To The people !, à partir de textes d’activistes noirs. En 2016, il joue sous la direction de Patrick Pineau dans l’Art de la Comédie d’Eduardo de Filippo créé au Théâtre-Sénart, Scène nationale. En 2017, il répond à la commande de Patrick Pineau et crée Jamais seul, mise en scène de Patrick Pineau, pièce dans laquelle il est également interprète dans les rôles de Manuel le gitan, André alias Cauche, Karim… Une production déléguée Théâtre-Sénart, Scène nationale. Le spectacle est créé le 15 novembre 2017 à la MC93 Bobigny. En 2018, il crée Alan au Théâtre des îlets − Centre dramatique national de Montluçon. Sa collaboration avec Patrick Pineau se poursuivra en mai 2019 avec un monologue inédit interprété par Patrick Pineau, Moi, Jean-Noël Moulin, Président sans fin, création au Théâtre-Sénart, Scène nationale.

 

À la radio, il enregistre depuis 1986 plus de deux cents dramatiques et prête sa voix à de nombreux documentaires. On le retrouve au générique des versions françaises de Miral de Julian Shnabel ou du long métrage oscarisé d’Olivier Assayas, Carlos. Ses principaux ouvrages sont édités chez Actes Sud-Papiers.

Patrick Pineau

Metteur en scène, comédien

ARTISTE « SOCIÉTAIRE » DU THÉÂTRE-SÉNART

Il suit les classes de Denise Bonal, Michel Bouquet et Jean-Pierre Vincent au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris.

 

Au théâtre, comme comédien, il aborde tout aussi bien le répertoire classique – d’Eschyle à Feydeau en passant par Marivaux, Calderón, Musset ou Labiche – que les textes contemporains (Eugène Durif, Mohamed Rouabhi, James Stock, Serge Valletti, Gérard Watkins, Irina Dalle) dans des mises en scène de Michel Cerda, Jacques Nichet, Claire Lasne, Gérard Watkins, Irina Dalle ou Mohamed Rouabhi.

 

En tant que membre permanent de la troupe de l’Odéon et sous la direction de Georges Lavaudant, il participe à Féroé, la nuit, Terra Incognita, Un Chapeau de paille d’Italie, Ajax/ Philoctète, Tambours dans la nuit, La Noce chez les petitsbourgeois, L’Orestie, Fanfares, Un Fil à la patte, La Mort de Danton, La Cerisaie et en 2013, George Lavaudant lui confie le rôle titre dans Cyrano de Bergerac.

 

En tant que metteur en scène, il signe Conversations sur la Montagne d’Eugène Durif au Théâtre Ouvert (1992), Discours de l’Indien rouge de Mahmoud Darwich au Théâtre Paris- Villette (1994), Pygmée de Serge Sandor à Villeurbanne (1995), Monsieur Armand dit Garrincha au Petit Odéon (2001), Les Barbares à l’Odéon, au Théâtre de l’Europe, aux Ateliers Berthier (2003), Tout ne doit pas mourir au Petit Odéon (2002). En 2004, Peer Gynt est créé dans la Cour d’Honneur du Festival d’Avignon. En 2006 au Théâtre de l’Odéon, il met en scène Des arbres à abattre de Thomas Bernhard. L’année suivante il met en scène trois spectacles : les pièces en un acte de Tchekhov, La Demande en mariage, Le Tragédien malgré lui, L’Ours ; On est tous mortels un jour ou l’autre d’Eugène Durif et Les trois soeurs de Tchekhov. En 2009, après La Noce de Bertolt Brecht, il met en œuvre un festival avec le Rayon Vert à Saint-Valéryen-Caux autour de lectures de textes de Flaubert et d’Annie Ernaux. En 2009, il crée également Vols en piqué dans la salle… de Karl Valentin. À l’automne 2010, il crée Sale août de Serge Valletti. En juillet 2011, pour la 65e édition du Festival d’Avignon, il crée Le Suicidé de Nicolaï Erdman à la Carrière de Boulbon. Puis suivront L’Affaire de la rue de Lourcine et Les méfaits du tabac d’Eugène Labiche et Anton Tchekhov en 2012 et Le conte d’hiver de William Shakespeare, à partir d’une nouvelle traduction de Daniel Loayza en 2013. En janvier 2016 il créé l’Art de la Comédie de Éduardo de Filippo au Théâtre-Sénart, Scène nationale et en mars 2016 il met en scène Le monde d’hier de Stéphan Zweig avec Jérôme Kircher au Théâtre des Mathurins. En 2017, il recrée Vols en piqué de Karl Valentin au Théâtre-Sénart, avec la compagnie Pipo. Et en 2018, il met en scène Jamais Seul de Mohamed Rouabhi, création le 15 novembre 2017 à la MC93 Bobigny.

 

Au cinéma, il travaille, entre autres, avec Éric Rochant, Francis Girod, Bruno Podalydès, Tony Marshall, Marie de Laubier, Nicole Garcia et, en 2012, avec Ilmar Raag aux côtés de Jeanne Moreau.