UN SACRE

Rituel réparateur. À la question « Qu’évoque pour vous la réparation ? », les trois-cent-soixante-cinq personnes interrogées pendant plus d’un an par l’auteur Guillaume Poix et la metteuse en scène Lorraine de Sagazan, ont tous répondu en évoquant la disparition d’un être. Une perte qui n’a pu être pleurée, un lien rompu, une plaie que l’on est pourtant censé panser dans notre société occidentale positiviste. Ce manque est ici abordé au plateau grâce au pouvoir cathartique du théâtre où l’absence est plus que jamais incarnée. Dans un décor monumental qui nous rappelle un théâtre abandonné, neuf de ces récits aussi variés qu’inattendus sont portés par une formidable troupe de comédiens à l’engagement absolu. Tels les anges dans Les Ailes du désir, chacun d’eux porte un récit aussi singulier qu’étaient ces êtres chers. Du lyrique au tragique, du trivial au burlesque, chaque histoire est liée à la suivante par des mouvements chorégraphiés collectifs, allégories inconscientes de rituels. La metteuse en scène, qui a travaillé auprès de Thomas Ostermeier et de Romeo Castellucci, nous offre un spectacle d’une puissance rare qui nous entraîne du rire aux larmes et inversement, dans une « cérémonie des réparations » transcendante. Magistral.