Molière à la belge. Dans cette version détonante et inventive de George Dandin façon comédie musicale, point de perruques poussiéreuses. Il n’y avait qu’une troupe de trublions belges pour révéler le côté punk de cette emblématique satire des conventions sociales. Entre un roturier fortuné et une aristocrate désargentée, qui est bien né et qui ne l’est pas ? De cette absurdité comique jaillit un feu d’artifice scénique, entre gags visuels, chorégraphies endiablées et vers de Molière sublimés par une musique jouée en direct. Une relecture généreuse et moderne du répertoire, particulièrement déjantée et diablement jubilatoire.
Découvrez le travail de la compagnie.
Merci à nos moutons amateurs : Olivia Robert Weytens, Sylvie Potin, Marie-Hélène Pruzina, Olivier Campagne, Coline Darivon, Véronique Luszczynski, Edith Aubert
Et à nos porteurs de cloches amateurs : Estelle Corona, Mickael Poussot, Maud Liard, Marie-Emilie Vanmarcke-Chlebna, Natacha Myjak
Mise en scène Ludovic Barth & Mathylde Demarez interprétation Yoann Blanc, Raphaëlle Corbisier, Marion De Keyser, Adrien Desbons, Grégory Duret Lorenzo Folco, Thymios Fountas, Florent Lanquetin, Théo Reveillaud, Éline Schumacher, Olivia Stainier, Clément Thirion assistant à la mise en scène Hugo Favier création Lumières Marc Lhommel musique originale Grégory Duret musiciens et musiciennes live Frédéric Becker, Catherine De Biasio, Grégory Duret chorégraphies Clément Thirion scénographie Zouzou Leyens construction décors Zouzou Leyens, Guy Carbonnelle, Corentin Mahieu, Chloé Tempelhof, Louise Vacher Weiss, Robinson Catelin création costumes Nina Lopez Le Galliard, assistée D’odile Dubucq réalisation costumes Nina Lopez Le Galliard, Ateliers Du Théâtre De Liège, Fabienne Damiean, Ateliers Du Théâtre Varia régie lumières Jean-François Philips régie son Laurent Gueuning régie plateau Ondine Delaunois, Christel Olislagers coaching vocal Raphaële Germser stagiaires assistanat mise en scène Lorenzo Folco, Théo Reveillaud stagiaire son Lucie Bourdon stagiaire lumières Clara Bellemans stagiaires costumes Dolça Mayol, Tatiana Strobbe couteau suisse Victor Demarez coordination générale Christel Olislagers diffusion Marie-Sophie Zayas
© Anoek Luyten
Production Clinic Orgasm Society
Coproduction Théâtre VARIA, Bruxelles | MARS – Mons arts de la scène | Théâtre de Liège | La Coop asbl et Shelter prod.
Avec le soutien de Wallonie-Bruxelles International, de taxshelter.be, ING et du Tax-Shelter du Gouvernement Fédéral Belge.
George est paysan mais il est devenu riche. George est devenu riche MAIS il est paysan. Il a voulu s’élever dans la société, alors il a épousé Angélique, une jeune femme de la noblesse. Ou plutôt, ce sont les parents d’Angélique, Monsieur et Madame de Sotenville, aristocrates de province désargentés, qui ont arrangé le mariage, pour profiter de la richesse de George. Mais Angélique tombe sous le charme des manières élégantes de Clitandre, un aristocrate de la Cour de Versailles de passage dans la région, qui lui tourne autour. George est malheureux, il se sent floué, et tente aussi maladroitement que désespérément de confondre sa femme devant ses parents, espérant rompre ce mariage qui lui fait tant de mal. Mais sa condition de roturier joue contre lui, et les Sotenville n’ont aucun intérêt à ce que les choses tournent en ce sens…
Pour la première fois dans notre parcours, nous avons ressenti l’envie de partir d’un texte, qui plus est un texte de Molière. D’une part, parce que ces dernières années nous avons cherché à requestionner nos pratiques pour les renouveler et en élargir le spectre (en diversifiant les formes, en multipliant les collaborations) ; et d’autre part parce que nous voulons aborder sous d’autres angles des thématiques qui sont au cœur de notre recherche depuis nos débuts, à savoir les normes, les catégorisations sociales et les constructions culturelles qui valident des rapports de domination.
« George Dandin ou le mari confondu » est une pièce emblématique de ce point de vue. Elle met spécifiquement le doigt sur une absurdité tragique, celle de ce réflexe humain d’établir des codes sociaux artificiels qui décident de qui est “bien né” et qui ne l’est pas ; ainsi que des rôles, des mérites et des tares qui vont avec. Chacun.e se retrouve “de bonne foi” enfermé.e dans un piège.
Au delà de sa thématique, « George Dandin ou le mari confondu » est avant tout une formidable « machine à jouer ». Si la langue de Molière, aussi fine et savoureuse soit-elle, est démodée, sa pièce est indémodable. Elle est troublante parce qu’elle est à la fois simple et complexe. Par moments ses ressorts, dont les ficelles frôlent le Grand-Guignol, font penser à un dessin animé pour enfants du type “Bip-Bip et Coyote”, avec néanmoins une cruauté digne de “Funny games”. Pourtant, aucun des personnages n’est tout à fait univoque. On peut passer pour chacun.e de l’empathie à la répulsion, de la pitié au dégoût.
Au fond, nous voyons ce « George Dandin ou le mari confondu » comme une farce tragique plus qu’une comédie grinçante. La pièce recèle un aspect punk, voire nihiliste, qui donne à ses ressorts comiques, pourtant habituels dans les autres pièces de Molière, une couleur particulièrement furieuse et singulière, un « chaud-froid » que nous avons toujours eu beaucoup de plaisir à modeler dans notre travail.
Initialement, la pièce a été créée pour s’inscrire dans le cadre d’une fête mégalomane offerte par Louis XIV dans les jardins du palais de Versailles en juillet 1668 : « Le Grand Divertissement Royal de Versailles ». Elle était enchâssée dans une Pastorale, avec des chants et des danses, des personnages de bergers et de bergères qui célébraient l’amour pur et l’ivresse. Ne sachant pas comment les spectateur·ice·s de l’époque, a fortiori des courtisans de Versailles, pouvaient recevoir cette pièce, mais avec la volonté d’être fidèles à l’esprit de Molière, nous avons décidé d’en faire en toute simplicité « Le Grand Divertissement Royal de la Clinic Orgasm Society »…
CLINIC ORGASM SOCIETY
Sous l’impulsion et la direction de Ludovic Barth et/ou Mathylde Demarez, La Clinic Orgasm Society est, dès sa naissance en 2001, un groupe artistique protéiforme et pluridisciplinaire qui conçoit ses projets comme une hybridation entre performance, théâtre, musique et bricolage technologique. Avec un noyau variable d’artistes, elle s’amuse à questionner autant le rapport au spectateur que les gigotements humains qui donnent un semblant de sens au monde. Plutôt que des spectacles, ce sont des actes scéniques qu’elle conçoit comme des créatures monstrueuses : ludiques, apparemment bordéliques, pleins d’imperfections, d’accidents et de ratés mais réglés avec précision.
Ainsi, la Clinic Orgasm Society a créé depuis une petite vingtaine d’années des spectacles de théâtre, des performances, des projets participatifs, des interventions urbaines, et un groupe de musique.
Quelques créations : J'ai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie (2005), DTC (on est bien) (2009), Trilogie Pré-Blé-Fusée (2012-2013), Das Boot (musique performance depuis 2013), Si tu me survis,... (2016), Ton joli rouge-gorge (2020) et prochainement GEORGE (de Molière) (2022).